La médecine chinoise classe les grandes parties du corps en organes yin, organes yang, et organes « extraordinaires ». Les organes « chinois » sont en réalité des émanations énergétiques de nos organes « de chair ». Bien qu’ils portent le même nom, leurs caractéristiques et leurs fonctions peuvent être très différentes. Pour autant, ces différents organes forment un tout indissociable qui permet l’équilibre physiologique de l’ensemble de votre organisme. Découvrez dans cet article comment en prendre soin en veillant sur leur énergie (qi).
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Prendre soin de l’énergie (qi) des « organes yin » (zang 脏) en médecine chinoise
L’énergie (qi 气) : un paramètre essentiel pour notre équilibre physiologique
La médecine chinoise adopte la même position que la science occidentale concernant nos besoins physiologiques. La nutrition, le sommeil, la reproduction, le mouvement, etc. sont considérés comme des paramètres vitaux. Mais pour la médecine d’Asie, il existe un autre critère de santé tout aussi essentiel : l’énergie (qi). Bien qu’invisible et immatérielle, l’énergie est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Elle se définit par des caractéristiques précises, comme le fait d’être perceptible à travers ses mouvements. L’énergie est la force à l’origine de la circulation sanguine, et de tous les métabolismes du corps.
En énergétique chinoise, on tient pour acquis que l’être humain se maintient en vie grâce à une énergie unique impliquée dans tous nos processus vitaux.
L’énergie psychique des organes influe sur notre équilibre physique et mental
L’énergie peut prendre des appellations différentes même si elle est unique. On parle notamment de l’énergie des émotions (qi qing, les sept émotions) ou de l’énergie des états mentaux. La médecine chinoise considère que ces composants psychiques émanent des cinq organes yin, et non du cerveau. À l’image de ce que nous mangeons, ou de nos interactions sociales, notre façon de penser influence aussi notre équilibre corporel. Tout ce qui nous nourrit, ou nous anime de l’intérieur (comme nos émotions, ou nos pensées) est composé d’énergie. Simplement, celle-ci peut prendre des formes différentes.
Prendre soin de vos « organes énergétiques » dans la vision chinoise contribue à préserver la santé de vos « organes de chair » puisqu’ils sont inséparables.
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L’énergie des cinq organes yin en médecine chinoise
Foie
Les fonctions de l’énergie du foie
- Le foie assure la libre circulation de l’énergie (qi) dans le corps entier ;
- Le foie stocke le sang et régule le volume de sang en circulation ;
- Le foie harmonise les activités émotionnelles et mentales.
La santé du foie se reflète dans l’état des yeux, des ongles, et des tendons. En cas de déséquilibre de l’énergie du foie, la colère (ou ses dérivés : irritabilité, nervosité, sentiment de frustration) peut devenir prédominante. Même réprimée, cette dernière peut créer des symptômes physiques désagréables sur l’organisme : douleurs abdominales, dépression, irritabilité, gastrite chronique, troubles des règles, etc.
Le point commun du foie « énergétique » avec le foie « de chair »
Le foie régularise la sécrétion et l’excrétion de la bile, et participe aux fonctions digestives.
Comment en prendre soin
À la différence des préceptes de naturopathie qui encouragent à nettoyer le foie pour le débarrasser de ses toxines, la médecine chinoise ne conseille pas particulièrement de nettoyer cet organe. En revanche, veillez à préserver la qualité de votre sommeil. La nuit, le volume de sang en circulation revient au foie afin de lui permettre de se régénérer et d’assurer ses fonctions. En cas de veille nocturne, le retour du sang vers le foie ne se fait plus. À plus ou moins long terme, un syndrome de vide de sang du foie peut apparaitre, avec son cortège de désagréments physiques et mentaux : rêves en abondance, insomnie, vertiges, règles irrégulières et peu abondantes, contractures musculaires, engourdissements, vision floue, sécheresse oculaire, anémie, etc.
Pour la médecine chinoise, un bon sommeil doit être paisible, sans rêves en abondance, ni cauchemars, ni réveils nocturnes, et l’endormissement doit se faire sans difficultés.
Cœur
Les fonctions de l’énergie du cœur
- Le cœur gouverne le sang et les vaisseaux sanguins ;
- Le cœur dirige la force motrice (l’énergie, qi) qui propulse le sang dans les vaisseaux ;
- Le cœur est à la base de nos activités mentales et émotionnelles, et les coordonne.
La santé du cœur se reflète dans l’état du teint, de la langue et de la parole. En cas de déséquilibre de l’énergie du cœur, par exemple lorsqu’on doit faire face à une situation stressante, on peut rencontrer des difficultés pour parler, se mettre à transpirer (la sueur est le liquide du cœur), ou encore rougir et avoir des palpitations. Tous ces phénomènes sont en relation avec l’énergie du cœur qui réagit au stress en produisant de la chaleur. A contrario, quand le cœur est paisible, on ressent une joie calme et sereine. La joie est l’état naturel d’un cœur en bonne santé.
➡️ Quelques mots sur le shen 神
On dit que le cœur loge le shen, dont l’idéogramme 神 signifie « esprit ». Le cœur reçoit les stimuli et les informations en provenance de l’extérieur. Il est aussi amené à coordonner les activités psychiques des autres organes (par exemple, la réflexion pour la rate, ou la volonté pour les reins). En cela, le cœur est aidé par le sang, qui constitue la base matérielle des activités mentales selon la médecine chinoise.
Le point commun du cœur « énergétique » avec le cœur « de chair »
La médecine chinoise, comme la médecine occidentale, admet que le cœur fonctionne comme une pompe qui propulse le sang dans tout l’organisme grâce à ses contractions régulières. Ainsi, le cœur peut assurer l’alimentation en oxygène (= en énergie) du corps entier.
Comment en prendre soin
Le sang du cœur est censé remplir l’ensemble du système circulatoire. Le cœur est donc un organe qui a besoin de beaucoup de sang ! On en prend soin : 1- En faisant attention à son alimentation car c’est elle qui fournit les nutriments nécessaires à la fabrication du sang grâce à l’énergie de la rate ; 2- En veillant sur sa santé mentale et ses émotions pour éviter les débordements émotionnels et les états mentaux qui tournent en boucle. Ces derniers finissent par épuiser le sang et le cœur. C’est pourquoi les médecins Chinois ont développé de nombreuses techniques mentales pour préserver la paix de l’esprit, et donc du cœur, grâce notamment à la méditation.
Rate
Les fonctions de l’énergie de la rate
- La rate est en charge du transport et de la transformation des aliments en substances nutritives ;
- La rate est à l’origine de la formation du sang ;
- La rate maintient le sang à l’intérieur des vaisseaux.
La santé de la rate se reflète sur les lèvres et la bouche, ainsi que dans l’appétit et le goût. Les troubles alimentaires ou une alimentation inadéquate lèsent la rate. Outre les troubles digestifs que cela engendre, l’organe finit par produire de l’humidité (notion typiquement chinoise) ! L’humidité peut se manifester sous différentes formes : œdème, diarrhée, leucorrhée, douleur abdominale, fatigue chronique, anorexie, nausées, sensation de lourdeur, etc. L’humidité lèse la rate en affaiblissant ses fonctions de transport et de transformation. Le yang affaibli ne peut plus répartir les liquides qui finissent par s’accumuler dans divers endroits du corps, et créer des pathologies rebelles.
Le point commun de la rate « énergétique » avec la rate « de chair »
La rate « de chair » joue un rôle dans notre immunité, tout comme son homologue chinoise. En médecine occidentale, il est admis que la rate contribue à détruire les bactéries et autres organismes infectieux présents dans la circulation sanguine. En médecine chinoise, cette fonction de défense du système immunitaire est sous le contrôle de l’énergie défensive wei qi produite par la rate, et mise en action par le poumon.
Comment en prendre soin
L’humidité est l’ennemi n°1 de la rate. Pour l’éviter, privilégiez une alimentation équilibrée (sans excès de gras ni de sucre) et variée. Évitez autant que possible les comportements alimentaires inadéquats (en particulier les extrêmes : privation de nourriture ou hyperphagie). Restez modéré pour éviter la production d’humidité interne, substance très difficile à déloger. Prenez garde aux climats froids et humides, couvrez-vous bien si vous devez faire des activités sous la pluie. Enfin, stoppez la spirale infernale des ruminations mentales. Les pensées obsessionnelles et les soucis nouent l’énergie de la rate. Pour y remédier : bougez ! La rate aime le mouvement, en particulier parce qu’il va l’aider à disperser l’humidité interne.
Côté émotionnel et mental, la rate est reliée à l’anxiété et à la réflexion. Cependant, une réflexion modérée ne peut pas avoir d’influence défavorable sur ses activités fonctionnelles !
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Poumon
Les fonctions de l’énergie du poumon
- Le poumon gouverne la respiration et l’énergie respiratoire ;
- Le poumon régularise les activités fonctionnelles de l’énergie (montée, descente, entrée, sortie) ;
- Le poumon assiste le cœur dans sa fonction d’impulsion de la circulation sanguine ;
- Le poumon régule la circulation, la distribution et l’excrétion des liquides organiques (= fonction de régulation de la voie de l’eau) ;
- Le poumon distribue l’énergie défensive wei qi 卫气 ainsi que l’essence (jing qi 精气) des aliments, des liquides et de l’énergie ;
- Le poumon fait descendre l’air inspiré aux reins qui doivent le recevoir.
La santé du poumon se reflète sur la peau, les poils, le mucus nasal, ainsi que sur le volume de la voix. En cas de faiblesse de l’énergie du poumon, les problèmes respiratoires sont évidents. La façon dont se passent la respiration, la phonation et l’olfaction nous donnent des indications sur l’état physiologique et pathologique du poumon. Coté émotionnel, le poumon est en relation avec la tristesse, le chagrin. Certaines sources le rattachent aussi à l’anxiété et l’inquiétude. Ces différents états émotionnels exercent une influence défavorable sur le corps, et sur le poumon en particulier.
Le point commun du poumon « énergétique » avec le poumon « de chair »
Comme son organe « de chair », le poumon « énergétique » a en charge le transfert de l’oxygène de l’air dans le sang, puis l’évacuation du dioxyde de carbone à l’expiration. Selon la médecine chinoise, l’ensemble du sang converge au poumon où se réalisent les échanges gazeux. On dit aussi que le poumon est le lieu de convergence des « 100 vaisseaux » (= les vaisseaux sanguins).
Comment en prendre soin
Oxygénez-vous le plus souvent possible, mais évitez le froid qui lèse son énergie (cela dit il est aussi vulnérable aux attaques de chaleur). Vous prendrez soin de lui grâce à une alimentation équilibrée, ce qui l’aidera à préserver votre immunité lors des attaques de froid hivernales. Si vous optez pour les préceptes de diététique chinoise, intégrez des aliments de saveur piquante pour chasser le vent, le froid et l’humidité et aider le poumon à bien faire circuler l’énergie : gingembre, coriandre, poireau, fenouil, radis, et de couleur blanche, comme les navets, les pommes de terre, le riz, la farine… En diététique comme en médecine chinoise, tout est question d’harmonie !
Rein
Les fonctions de l’énergie du rein
- Les reins stockent une énergie particulière appelée jing 精 (« essence », « principe vital ») indispensable à la reproduction et à la croissance, mais aussi à la production du sang et à la résistance du corps ;
- Les reins ont en charge la reproduction, la croissance, et le développement ;
- Les reins participent à la formation du sang ;
- Les reins aident l’organisme à résister aux attaques externes (virus, bactéries, etc.) ;
- Les reins sont essentiels au métabolisme des liquides organiques ;
- Les reins agissent sur l’évacuation naturelle des selles et de l’urine en régulant l’ouverture et la fermeture des orifices du bas (anus et orifices génito-urinaires) ;
- Les reins gouvernent la réception de l’air inspiré.
La santé du rein se reflète dans l’état des dents, du squelette, et des cheveux (qui signent l’état du jing), ainsi que dans l’audition et la respiration. En cas de déséquilibre de l’énergie du rein, il peut y avoir des difficultés de concentration et de mémoire, et parfois une absence de volonté. Côté émotions, un déséquilibre de l’énergie du rein peut occasionner de la peur face à quelque chose d’effrayant (et qui relève de la conscience), ou de la terreur (qui, à l’inverse, ne relève pas de la conscience : la terreur est bien trop soudaine pour être conscientisée sur le moment). Seul le premier type de peur est aussi relié au cœur puisque celui-ci contrôle les activités mentales. Le second type ne dépend que du rein.
Le point commun du rein « énergétique » avec le rein « de chair »
En médecine chinoise, tous les liquides passent par les reins avant de retourner dans l’organisme pour y être transformés en sueur, urines, gaz ou selles. En médecine occidentale, les reins contribuent aussi à maintenir l’équilibre en eau de l’organisme (y compris en minéraux essentiels : sodium, potassium, calcium…). Outre des enzymes et des vitamines indispensables à la vie, le rein « de chair » produit des hormones, dont l’érythropoïétine (EPO) utile aux globules rouges, ou la rénine qui aide à contrôler la tension. C’est pourquoi, en médecine chinoise, on travaille toujours sur l’énergie du rein (dans son aspect yin) pour aider à réguler l’hypertension.
Comment en prendre soin
Le rein déteste la sécheresse ! Pensez à vous hydrater régulièrement (mais sans excès) pour assurer l’approvisionnement essentiel en eau de l’organisme. Par ailleurs, n’oubliez pas de soutenir aussi le feu de Ming Men (la chaleur yang physiologique). Pour ce faire, appliquez toujours de la chaleur sur vos reins, surtout pas de froid ! Le rein est comme une batterie : le froid lui est préjudiciable. En médecine chinoise, les douleurs lombaires se soignent par la chaleur et le massage. En cas de « mal de dos », le rein est toujours impliqué. Si la lombalgie est chronique, une excellente option consiste à utiliser des plantes médicinales chinoises pour le soutenir. Il continuera ainsi à fournir de l’énergie aux muscles du dos, entre autres.
➡️ Quelques mots sur Ming Men 命门
Ming Men est une notion typiquement chinoise qui correspond à la fois au yin et au yang du rein. Pour la plupart des médecins chinois, les reins et Ming Men sont tellement unis qu’ils se confondent. Il ne s’agit donc pas d’un organe à part. La traduction la plus courante de l’idéogramme 命门 est « porte de la vie ». De fait, tous les organes dépendent de Ming Men pour :
- Le réchauffement du feu physiologique ou yang rénal, appelé aussi feu de Ming Men ;
- La nutrition grâce à l’eau de Ming Men, ou yin rénal.
Ming Men est la racine de l’énergie yang du corps, la source de la chaleur organique. Le feu de Ming Men garantit la force motrice des activités fonctionnelles de tous les organes.
+ l’Enveloppe du cœur
Les fonctions de l’énergie de l’Enveloppe du cœur
L’Enveloppe du cœur, appelée aussi « maitre du cœur » ou « péricarde », n’est pas un organe indépendant. Il se rattache au cœur. On parle donc des 5 organes yin (plus rarement des 6 organes). Sa fonction unique est de protéger le cœur des attaques pathogènes. Comme ce dernier est considéré comme l’empereur, aucune agression ne doit l’atteindre. Le cas échéant, ce sera l’Enveloppe du cœur qui sera touchée en premier. Selon le Huang Di Nei Jing, le livre fondateur de la médecine chinoise, cette fonction de défense est essentielle. Si le cœur est lésé, le shen (l’esprit) est touché, et la perte du shen (de l’esprit) signifie la mort. On retrouve ici les notions guerrières propres à la médecine chinoise quand il s’agit de défendre la santé !
Comment en prendre soin
De la même façon que pour le cœur.
Prendre soin de l’énergie (qi) des « organes yang » (fu 腑) en médecine chinoise
Le couplage des organes
Les « organes yang » sont aussi appelés entrailles, ou viscères (fu 腑). Leur fonctionnement est yang, contrairement aux « organes yin » (zang 脏) qualifiés ainsi parce qu’ils ont un fonctionnement yin. Couplés deux par deux, ils fonctionnent en binôme :
- foie et vésicule biliaire ;
- cœur et intestin grêle ;
- rate et estomac ;
- poumon et gros intestin ;
- rein et vessie ;
+ Enveloppe du cœur et Triple réchauffeur.
L’énergie psychique des organes yang
Seule la vésicule biliaire est investie de fonctions psychiques. Les autres fu 腑 sont sous l’influence de leur organe yin. Par exemple, l’anxiété peut léser la rate, mais aussi l’estomac.
L’énergie des cinq organes yang en médecine chinoise
Vésicule biliaire
Les fonctions de l’énergie de la vésicule biliaire
- La vésicule biliaire a en charge le stockage et l’excrétion de la bile ;
- La vésicule biliaire gouverne la prise de décision et la détermination.
La santé de la vésicule biliaire se reflète dans les capacités de digestion. La bile est excrétée dans l’intestin grêle par les canaux biliaires pour aider à digérer les substances alimentaires. La vésicule biliaire est importante pour le bon fonctionnement de la rate et de l’estomac. Ses fonctions de production et d’excrétion de la bile sont sous le contrôle du foie. Un dysfonctionnement de l’énergie de la vésicule biliaire peut occasionner des nausées et des vomissements, des douleurs du côté du foie, de l’agitation mentale, des hésitations et de l’indécision, des vertiges, des éblouissements, des acouphènes, de l’insomnie…
Le point commun de la vésicule biliaire « énergétique » avec la vésicule biliaire « de chair »
Comme en médecine occidentale, la vésicule biliaire stocke la bile puis la déverse, avec l’aide du foie, dans l’intestin, notamment au moment de la digestion. La bile aide à digérer les graisses.
Comment en prendre soin
De la même façon qu’on prend soin de sa rate, de son estomac et de son foie.
Intestin grêle
Les fonctions de l’énergie de l’intestin grêle
- L’intestin grêle a la charge de la réception et la digestion des aliments ;
- L’intestin grêle sépare le pur de l’impur ;
- L’intestin grêle joue un rôle dans le métabolisme des liquides.
La santé de l’intestin grêle se reflète dans la digestion, mais aussi dans la miction urinaire. L’intestin grêle s’occupe de la transformation des aliments et des boissons, puis du transport des résidus vers le gros intestin et la vessie, où ils seront excrétés sous forme de selles et d’urines. Ainsi, on dit que l’intestin grêle sépare le pur de l’impur. D’une part il favorise l’absorption des substances pures, nutritives (= le jing , ou « essence » des aliments). D’autre part, il emmène le non digestible, le non-pur, vers le gros intestin et la vessie pour qu’ils évacuent hors du corps ce qui n’est pas assimilable.
Le point commun de l’intestin grêle « énergétique » avec l’intestin grêle « de chair »
Comme en médecine occidentale, l’intestin grêle a en charge l’absorption de la majeure partie des nutriments. La formation et l’élimination des selles s’effectue au niveau du gros intestin.
Comment en prendre soin
Étant donné que l’intestin grêle favorise la régularité à la fois de la miction et de la défécation, et qu’il joue un rôle dans le métabolisme des liquides, on en prend soin comme de sa rate et de ses reins.
Estomac
Les fonctions de l’énergie de l’estomac
- L’estomac reçoit les substances alimentaires (il est shui gu zhi hai 水谷之海 : « la mer de l’eau et des céréales ») ;
- L’Estomac décompose les substances alimentaires pour produire des « essences subtiles » (jing wei 精微) c’est-à-dire des nutriments ;
- L’estomac gouverne la fonction de descente des aliments dans l’intestin grêle.
La santé de l’estomac se reflète dans la digestion. En cas de faiblesse de l’énergie de l’estomac, il peut y avoir des ballonnements, des renvois, des douleurs, des nausées, des vomissements. L’énergie de l’estomac intervient au premier stade de la digestion, au moment où l’organe doit décomposer les aliments. Sous son action, et celle des liquides gastriques, les substances alimentaires sont digérées une première fois. Puis, la rate prend le relais pour transporter les essences subtiles (= le jing, l’« essence » des aliments) pour nourrir l’organisme entier. Enfin, l’estomac fait descendre le contenu de la première digestion vers l’intestin grêle pour qu’il puisse discriminer ce qui est utile à l’organisme ou pas (= tri du pur et de l’impur).
Le point commun de l’estomac « énergétique » avec l’estomac « de chair »
Comme en médecine occidentale, l’estomac « chinois » participe à la digestion. Le processus digestif implique, de la même façon, la transformation des aliments en nutriments. Ces nutriments sont absorbés par le sang et la lymphe pour être utilisés par les cellules de l’ensemble du corps comme source d’énergie.
Comment en prendre soin
De la même façon qu’on prend soin de l’ensemble de son système digestif, et de sa rate en particulier, puisque l’estomac est couplé avec cette dernière. Pour que l’énergie de l’estomac puisse descendre, il faut que l’énergie de la rate conserve son mouvement ascendant. Les deux travaillent de concert. Si l’énergie de l’un est affaiblie, l’énergie de l’autre s’en ressent, et les fonctions des deux organes risquent d’être moins bien assurées.
Gros intestin
Les fonctions de l’énergie du gros intestin
- Le gros intestin a en charge le transport et la transformation des déchets ;
- Le gros intestin joue un rôle dans le métabolisme des liquides organiques.
La santé du gros intestin se reflète dans la digestion, en particulier dans le processus d’élimination des selles. En cas de dysfonctionnement de l’énergie du gros intestin, on peut souffrir de gaz, de constipation, de diarrhée, de ventre gonflé, de douleurs abdominales.
Le point commun du gros intestin « énergétique » avec le gros intestin « de chair »
Comme en médecine chinoise, le gros intestin « de chair » absorbe l’eau des aliments partiellement digérés, et transforme les déchets en selles qui seront évacuées du corps.
Comment en prendre soin
En prenant soin de l’énergie de sa rate. En médecine chinoise, les problèmes de transit intestinal se soignent en régulant l’énergie du gros intestin, mais surtout en tonifiant l’énergie de la rate. La rate est toujours impliquée en cas de perturbation du transit.
Vessie
Les fonctions de l’énergie de la vessie
- La vessie a en charge le stockage et l’excrétion de l’urine.
La santé de la vessie se reflète dans sa capacité à évacuer correctement l’urine grâce à sa capacité de dilatation/contraction au cours de la miction. Sa fonction d’élimination est aussi subordonnée à celle des reins. Les reins transforment le surplus des liquides organiques qui ne servent pas à l’organisme pour le fait descendre vers la vessie. Celle-ci va ensuite l’excréter sous forme d’une eau trouble : les urines.
Le point commun de la vessie « énergétique » avec la vessie « de chair »
Comme en médecine occidentale, la vessie sert à emmagasiner l’urine puis à l’évacuer du corps.
Comment en prendre soin
De la même façon qu’on doit prendre soin de ses reins, avec lesquels la vessie est couplée.
+ le Triple réchauffeur, ou Trois réchauffeurs
Le Triple-réchauffeur, appelé aussi Trois foyers ou Trois réchauffeurs, s’apparente davantage à une fonction plutôt qu’à un organe. Inconnu de la médecine occidentale, selon la médecine chinoise il se divise en trois parties :
- Le Réchauffeur supérieur, localisé au-dessus du diaphragme : il est comme un brouillard qui diffuse les essences subtiles des aliments (jing wei) et l’énergie défensive (wei qi) ;
- Le Réchauffeur moyen, localisé entre le diaphragme et le nombril : il est comme un tonneau de fermentation qui sépare les substances utiles à l’organisme des déchets à éliminer, et vaporise les liquides organiques ;
- Le Réchauffeur inférieur, situé en-dessous du nombril : il est comme un égout qui filtre les déchets et les surplus d’eau (urines, selles), et en régule les voies de sortie.
Les fonctions du Triple réchauffeur en énergétique chinoise
- Les Trois réchauffeurs dirigent la voie de passage des différentes catégories d’énergie, en particulier yuan qi (l’énergie primordiale héritée de nos parents) ;
- Les Trois réchauffeurs sont la voie de circulation des liquides.
Comment en prendre soin
En prenant soin de l’énergie du poumon, organe du Réchauffeur supérieur qui régularise les quatre mouvements de l’énergie (montée, descente, entrée, sortie). En s’occupant de l’énergie de la rate et de l’estomac, organes qui appartiennent au Réchauffeur moyen. Mais aussi en soutenant l’énergie du foie qui assure la libre circulation de l’énergie dans le corps entier, et de l’énergie du rein, organe indispensable au métabolisme des liquides.
Prendre soin des organes « extraordinaires » (qi heng zhi fu 奇恒之腑)
Les organes « extraordinaires » sont aussi appelés entrailles « curieuses » (« curieuses » dans le sens de « particulières »). Ce sont des structures creuses, comme les organes yang (les fu). Mais comme ces organes « extraordinaires » stockent des substances essentielles pour le corps (à l’instar des organes yin, les zang), on les classe à part.
Cerveau
Les fonctions de l’énergie du cerveau
- Le cerveau est le siège des activités mentales ;
- Le cerveau gouverne les organes des sens et les perceptions sensorielles ;
- Le cerveau est le lieu de convergence des moelles (il est « la mer des moelles »).
La santé du cerveau se reflète dans la qualité de nos perceptions sensorielles (vision, audition, goût, odorat), ainsi que dans nos activités mentales. L’esprit, la conscience et la pensée sont en relation avec les organes yin (les zang). Le Huang Di Nei Jing (la « bible » de la médecine chinoise) reconnait pourtant que le cerveau possède des relations étroites avec le psychisme. Mais à chaque fois qu’il est fait mention d’activités mentales ou émotionnelles, on fait toujours référence au cœur. Néanmoins, le cerveau est la base matérielle, structurelle permettant la mise en œuvre de l’esprit (des émotions, des pensées).
Le point commun du cerveau « énergétique » avec le cerveau « de chair »
Pour la médecine chinoise, le cerveau est le lieu où se déroulent les activités mentales. Il est le siège de la mémoire et des perceptions comme pour la médecine occidentale. En revanche, pour la médecine chinoise, la conscience est située dans le cœur, et non dans le cerveau.
Comment en prendre soin
La croissance et le fonctionnement normal du cerveau sont en relation avec le jing (l’essence) du rein, ainsi qu’avec le cœur et le foie. On prend soin de la santé de son cerveau en veillant sur ces trois organes. D’autre part, c’est dans le cerveau que le jing, l’essence des reins, se transforme pour former la mer des moelles. Celles-ci vont remplir la colonne vertébrale, laquelle garantit notre stabilité. Ainsi, la marche, les exercices d’équilibre, et l’activité mentale stimulent le cerveau, à condition que le tout soit effectué au calme. Le cerveau ne s’épanouit ni dans l’agitation, ni dans le stress !
Moelle
Les fonctions de l’énergie des moelles
- Les moelles nourrissent et remplissent le cerveau ;
- Les moelles nourrissent les os ;
- Les moelles produisent le sang.
La santé des moelles se reflète dans les activités fonctionnelles du cerveau, des os, et des activités mentales. On les classe en trois catégories : la moelle osseuse, la moelle épinière et le cerveau (le lieu de convergence de toutes les moelles). Un dysfonctionnement du cerveau ou des os peut donc alerter sur une mauvaise nutrition des moelles, à l’origine de pathologies diverses : ostéoporose, tassement de la colonne vertébrale, problèmes d’équilibre, déficience mentale, ralentissement des mouvements, retard de croissance, chute de cheveux, mauvaise mémoire…
Le point commun de la moelle « énergétique » avec la moelle de la médecine occidentale
En médecine occidentale, la moelle épinière transmet les informations émises par le cerveau au reste du corps. En tant qu’organe central du système nerveux, elle assure notamment la coordination des mouvements et les fonctions réflexes. Quant à la moelle osseuse, elle fabrique les cellules sanguines et contribue au tissu graisseux. On y retrouve quelques points communs avec la conception de la moelle en médecine chinoise !
Comment en prendre soin
Par la nutrition : l’état des moelles dépend directement de l’état du jing (essence) des reins. Si une partie du jing appelée yuan qi (= énergie primordiale, originelle) est innée, une autre partie du jing dépend directement de l’énergie acquise produite par la rate. Autrement dit, de ce que nous mangeons. Le jing est puissant dans les aliments frais (= sans conservateurs ni pesticides), cultivés et consommés localement, dans les viandes, les poissons et les œufs (pas seulement dans les fruits et les légumes !), ou les céréales, les légumineuses… Certaines plantes de la pharmacopée chinoise ont aussi pour fonction de renforcer le jing rénal, fonction typiquement chinoise qui n’a pas son équivalent dans la phytothérapie occidentale.
Os
Les fonctions de l’énergie des os
- Les os logent la moelle osseuse ;
- Les os du squelette constituent l’armature du corps, et le bouclier de protection des organes ;
- Les os gouvernent le mouvement.
La santé des os se reflète dans l’état du squelette, dans la résistance et la stabilité lors du mouvement, puisque les os soutiennent le corps. L’état des dents donne aussi une indication sur l’état des os. En médecine chinoise, on dit que les dents sont le surplus des os. Les deux sont régis par l’énergie du rein. Les dents peuvent aussi être le reflet de l’énergie de l’estomac et du gros intestin, mais c’est le jing des reins qui assure leur nutrition.
Le point commun des os « énergétiques » avec les os de la médecine occidentale
Comme en médecine occidentale, la médecine chinoise voit les os comme les supports des structures corporelles qui permettent au corps de se déplacer. Les os permettent aux membres de se mouvoir parce que les muscles et les aponévroses musculaires y sont attachés. En effet, c’est la contraction musculaire qui permet le mouvement du corps. Le mouvement des muscles dépend de l’énergie du foie en médecine chinoise, tandis que la chair des muscles est en relation avec la rate.
Comment en prendre soin
De la même façon qu’on prend soin de l’énergie du rein dans son aspect yin, nutritif pour générer les moelles et nourrir le sang. Là encore, la pharmacopée chinoise peut être d’une grande aide. La notion de renforcement du yin et du jing des reins est propre à la médecine chinoise. Par ailleurs, les mouvements doux du tai chi ou du qi gong mobilisent l’énergie de l’ensemble du corps tout en favorisant l’équilibre, ce qui permet aussi de renforcer les os.
Utérus
Les fonctions de l’énergie de l’utérus
- L’utérus évacue le sang des règles ;
- L’utérus garde, alimente et protège le fœtus pendant la grossesse.
La santé de l’utérus se reflète dans la capacité à protéger et nourrir le fœtus pendant la grossesse. Ces actions sont subordonnées aux fonctions du rein, du cœur, du foie et de la rate. La fertilité dépend du jing des reins.
Le point commun de l’utérus « énergétique » avec l’utérus « de chair »
L’utérus « énergétique » a la même fonction que l’utérus « de chair » : il reçoit l’ovule fécondé, et protège le fœtus pendant qu’il se développe. Puis il se contracte pour expulser le bébé hors du corps au moment de l’accouchement.
Comment en prendre soin
En veillant sur l’énergie de quatre de ses organes yin : ses reins, son cœur, son foie et sa rate. Lorsqu’il n’y a pas assez de sang dans l’organisme, l’aménorrhée (absence de règles) est le moyen que le corps utilise pour ne pas aggraver la déficience de sang. Parmi les causes possibles d’aménorrhée, on constate souvent une déficience d’énergie de la rate (qui est à l’origine de la production de sang), ou une déficience de l’énergie du rein. On remédie à ces problèmes grâce à une nutrition adaptée, et par la prise de plantes chinoises.
Vaisseaux sanguins
Les fonctions de l’énergie des vaisseaux sanguins
- Les vaisseaux sanguins sont les voies où circulent le sang et l’énergie ;
- Les vaisseaux sanguins irriguent le corps entier.
La santé des vaisseaux sanguins se reflète dans le pouls. En médecine chinoise, la prise du pouls est un outil essentiel du diagnostic. Le pouls détermine l’état physiologique et pathologique de l’énergie, du sang et des organes. Comme le sang visite toutes les parties du corps, les vaisseaux sont capables de nous renseigner spécifiquement sur l’état de tous les organes.
Le point commun des vaisseaux sanguins « énergétiques » avec les vaisseaux sanguins de médecine occidentale
En médecine occidentale, les vaisseaux sanguins transportent le sang dans tout l’organisme. Leur physiologie creuse favorise le transport de l’oxygène et des nutriments, et l’élimination des déchets comme le dioxyde de carbone. Leur rôle est donc identique à celui des vaisseaux de médecine chinoise. Toutefois, en Asie on emploie plutôt le terme « énergie » pour désigner à la fois l’oxygène et les nutriments.
Comment en prendre soin
En surveillant particulièrement son cœur car le cœur gouverne les vaisseaux : la circulation du sang dans les vaisseaux dépend de l’énergie du cœur. Mais aussi en prenant soin de ses poumons : l’énergie du poumon aide l’énergie du cœur à propulser le sang dans les vaisseaux. Le sang est yin par nature : lent, lourd, et peu mobile. Il a besoin d’une énergie yang pour l’activer : c’est le rôle du poumon. Néanmoins, en cas de risque de pathologie des vaisseaux sanguins, on s’occupera davantage du cœur.
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Comprendre l’énergie en médecine chinoise, les bases pour les débutants. 3 raisons de le lire :
- Savoir enfin ce qu’est l’énergie ! De quoi l’on parle quand il est question d’énergétique dans le corps humain.
- Découvrir la culture chinoise ancestrale et sa vision particulière du monde.
- Sortir de certains préjugés : la médecine chinoise et l’énergie ne sont pas des disciplines de l’esprit, mais des ressources efficaces et pragmatiques.
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